* Meurtre en vue . L

( Puis-je? )

Of course

[ Je me sens minable à côté de ce que tu as écris ]

Les milles bruits de vies résonnaient agréablement à l’ouie aiguisée de la jeune fille à l’ample chevelure brune. Il n’y avait guère de vent, mais elle redressa sensiblement le visage pour recevoir de plein fouet l’air pure de l’après midi. La voilà qui était à son aise, assise sur un vieux muret très bas, presque plat, au bord d’un ruisseau fin et paresseux mais qui glougloutait joyeusement. Elle se savait seule, mais ne s’en ennuyait point, au contraire, son caractère vaporeux et taciturne lui imposait de supporter l’aura de seulement une ou deux personnes qui lui étaient très proches.

Si elle ne s’ennuyait pas, cela était pourtant surprenant. Car la principale activité des détenus du centre étaient d’échapper aux surveillants, de faire toute sortes de test, de subir milles tortures… Ou de passer le temps en fricotant à droite à gauche… Cassie elle ne savait pourquoi, mais les surveillants la laissait très souvent tranquille. Oh, on ne la craignait ni ne la respectait vraiment. Elle était, sans être vraiment à part, car très avenante, un peu … étrange. Elle et sa jumelle étaient un peu des intouchables en leur genre, l’essence même de la cohésion sociale des jeunes du centre, mais ça, peut-être contrairement à Effy, Cassie n’en avait strictement aucune idée.

Comme elle n’avait strictement aucune idée d’être, là, rêveuse et posée, tout à fait mignonne mais tout à fait à la merci du prédateur dont elle ne savait rien et qui était tapis derrière elle. Heureusement pour elle peut-être, ou pas, c’est à voir, elle était elle-même féline à ses heures. Et même si elle rebutait cette partie de son être, la panthère qui était en elle l’avertit sans tarder de la présence derrière elle. Elle n’y laissa rien paraître, continuant de jouer du bout des doigts avec l’eau cristalline du ruisseau qui produisait un son pure des plus agréable. Puis, comme elle sentait la tension émanant de l’inconnu, elle pivota lentement le buste, restant assise, ses jambes fines et nus repliés sous elle. Quelle ne fut sa surprise lorsque son regard se posa sur un animal qui lui était très familier! La panthère était pourvu de tache, et son corps à la musculature impressionnante ne pouvait appartenir à une femelle, mais l’animal magnifique lui rappelait sans équivoque sa propre animorphose. Elle ne se sentait pas complètement en danger, mais mis quelques instants à se remémorer le nom de l’individu. Elle le connaissait de réputation. Un des deux caïd du pénitencier, celui-là était « le solitaire ». Elle eut un frison en se souvenant du deuxième surnom qui avait été trouvé par une fille que Cassie ne connaissait que peu. « Le sanguinaire ». Alors, laissant sa voix calme l’emporter sur son stress, elle afficha une mine impassible, sobre.

« Bonjour, Alec. »

(( Je trouve pas ))

Je pris très peu de temps a remarquer que celle que j’observais depuis quelques minutes m’avait remarqué . En effet je ne m’étais pas dissimulé , comme si je savais d’avance que cette chasse serait vaine , et même si le vent était en ma faveur , l’animal de la détenue avait sans doute repéré mon odeur . Relâchant donc la tension que formaient mes muscles , je tendis les pattes devant moi , m’étirant nonchalamment , avant de m’allonger sur la branche noueuse ou j’étais positionné , ma queue balançant dans le vide n témoignant de ma légère irritation . L’ancienne proie que je m’étais choisie semblait peu propice a la fuite , et j’étais bon pour une demi heure de causette . Sauf si elle était muette , ce qui était rare chez les femelles .

Croisant les pattes , j’y posais le menton , dardant mes yeux mordorés sur la donzelle qui glandait près de la rivière . Le vent m’apportait son odeur , et je constatais avec consternation que son animal était une panthère , a l’instar d’Effy . Et de moi même , accessoirement . L’autre brunette était intéressante , mais pas assez pour que je l’acceptes dans le cercle inexistant que mes relations amicales . Personne n’y était parvenu . Et personne n’y parviendrait . Plantant mes longues griffes dans l’écorce pulpeuse du chêne , je les tirais a moi , arrachant de grandes bandes de bois qui dégringolèrent a terre n répandant sur leur passage une traînée de sève qui s’agglutina sur mes pattes , collant mes poils en plaques collantes et pâteuses . Tout en observant la fille , je cherchais a deviner son caractère , ses actions avant même qu’elles ne se passent . C’était l’une de mes occupations favorites , et j’excellais dans ce domaine .

Peu après , elle me salua . Ma queue accentua son balancement agacé . Le félin en moi feula intérieurement . Une panthère n’avait pas de nom . Et je n’en voulais pas . Jaugeant celle qui m’adressait la parole d’un regard dénué d’expression et de gêne , je plantais férocement mes iris ténébreux dans les siens . Voyons voir si elle était aussi teneraire que son animal . C’était pue probable . Un rictus hermétique releva les commissures de mes lèvres . J’étais aussi informé que les scientifiques sur les détenus , mon savoir se poussait a l’extrême jusqu'à ce que je puisse affirmer que cette dernière avait des draps bleu gris en coton et elle passait la majeure partie de la nuit a dormir sur son coté droit . Eh oui . Je ne me mêlais pas aux autres , mais j’écoutais .. Et j’observais . Aussi , son identité n’avait aucun secret pour moi . Ma voix profonde jaillit comme de l’eau , aussi expressive que l’étaient mes yeux , la saluant froidement .

« Cassandra .