To be continued... [EFFY]

De grands bruits perçaient les tympans de la jeune fille qui flottait dans un agréable vague tout de noir rempli. Vague que ces bruits forts et répétés troublèrent, et elle eut envie de gémir de souffrance, ce que ses lèvres refusaient toutefois de faire. Tandis qu’elle se sentait reprendre conscience, les bruits de coups s’effacèrent progressivement. Elle reprit d’abord connaissance de son corps, à genou mais le buste maintenu droit. Cela l’étonna, mais elle sentit vite une vive douleur à ses poignets tordu dans une inconfortable position. Elle était menottée au mur, les bras derrières le dos. D’instinct, elle chercha à prendre appui sur le sol, mais glissa et eut d’autant plus mal. Elle se sentait nauséeuse, et reprenait d’ailleurs conscience du pourquoi de sa situation. Elle ne savait s’il faisait nuit ou non, mais quand elle ouvrit les yeux il faisait noir. Ses oreilles bourdonnaient, et elle ne voyait rien, et surtout personne à ses côtés.
Et plus le vague disparaissait, plus elle paniquait. Elle respirait vite, essayant de calmer douleurs et angoissant cependant. Elle se rappelait sa fuite non intentionnelle, puis son aparté avec Effy, puis la fuite dans le centre, puis leur capture, deux fugitives prises aux piéges. Deux fugitives identiques. Deux jumelle, dans le même pétrin. Elle qui n’avait jamais d’ennui avec personne au centre, avait vu brisé son harmonie quotidienne. Elle essayait toujours d’entendre ou de voir quelque chose, en vain. Elle sentait maintenant Ses cheveux cascader doucement dans son dos, et cette sensation douce et anodine la rassura. Elle se rendit compte de son accoutrement, sa veste avait disparu, et les bretelles de son tee-shirt, légèrement éméché, dévoilaient une grande partie de son épaule nue. Elle avala durement sa salive, priant pour que cela ne soit dut qu’a son acheminement ici et pas à autre chose. Elle grelotta vite, restant immobile avec ses doutes. Puis elle entendis un nouveau coup sourd, qu’elle identifia comme un de ceux qui ‘lavait sorti de sa torpeur. Mais il été tout proche, juste à son côté. Elle retint sa respiration, et murmura la seule chose qui lui venait à l’esprit.

« … Effy? »

La douleur qui tapait dans sa tête était puissante, mais pas aussi puissante que la haine qui habitait la jeune femme en ce moment même. Elle c’était faite avoir ! Les scientifiques, une fois de plus, l’avaient prise à son propre jeu, et maintenant, ils la punissaient pour ses mauvaises actions dans le centre… De plus, elle avait tué l’un d’entre eux. Pourquoi ? Pour sauver sa sœur avaient dit un des scientifiques, réflexe défensif de famille. Non, ce n’était en aucun cas pour elle, Cassie, qu’elle l’avait fait. Il n’y avait qu’elle qui l’intéressait dans cette situation. C’était pour se défendre elle même qu’elle avait laissé la panthère et sa folie meurtrière prendre le contrôle sur l’humaine. Effy Stonem n’était pas du genre à se préoccuper des autres. Il n’y avait juste qu’elle dans sa tête. Et même Cook, le garçon avec qui elle entretenait une relation, n’existait plus quand sa vie était en danger. Elle l’aurait laissé mourir sans honte et sans remord si il y avait eut risque pour elle. Oui Effy était égoïste. Ou était ce son instinct de survie animal qui parlait pour elle ? Qui avait prit contrôle des sentiments humains de partage ? Elle ne se rappelait plus avant de le centre. Avait elle toujours été comme ça ? Si égoïste ? La panthère alors lui convenait à merveille, même si celle si était plus forte qu’elle. Beaucoup plus forte.

Sa sœur avait perdu connaissance pendant qu’on les emmenait au laboratoire. Effy, elle, était rentrée dans une sorte de léthargie dont elle n’était sortie qu’une fois arrivée au laboratoire. Directement, on l’avait emmené dans une salle annexe, lui administrant un calmant puissant qui stopperait toute tentative de mutation durant l’interrogatoire qui ressemblerait plus à une sévère correction, à un règlement de compte… Prix à payer pour avoir prit l’un des leurs…

Enfin, après une petite demie heure de torture, aussi bien mentale que physique, la jeune fille avait été ramenée en salle, là où sa sœur reposait, toujours inconsciente. Boum. Effy venait d’être lancée violemment contre le mur. On n’avait pas prit le soin de l’attacher. Dans l’état dans lequel elle était et avec le calmant administré, elle ne représentait aucun danger. Le noir revint dans la pièce. Effy, les yeux fermés, essayait de réguler sa respiration, toujours entrecoupée dans hoquet de douleur. Elle ne voyait rien et cela l’effrayait. En temps normal, elle aurait fait appel à la vision nocturne de sa panthère mais là, c’était impossible. Elle n’était pas là et la jeune fille se sentait comme orpheline de cette puissance bestiale qui la protégeait.

La voix de sa sœur parvint à ses oreilles. Elle était tout prêt mais le son lui paraissait lointain. Que disait elle ? Elle avait du mal à comprendre. Son nom ? Oui, sûrement. Quelle idiote. Elle, elle pouvait utiliser sa panthère comme atout, elle aurait put voir dans cette pénombre, mais au lieu de ça, elle restait dans sa parfaite humanité, qui ne lui conférait que faiblesse.

Parvenant tant bien que mal et dans un effort pesé à se relever pour s’asseoir Effy tourna la tête vers le son entendu. Son corps la faisait souffrir un martyr. La douleur était tellement présente qu’elle ne savait même pas la situer. Partout ? Sûrement. Sa peau fine était maintenant recouverte d’ecchymoses ; du sang coulait de sa bouche ; sa lèvre inférieure était gonflée à cause des coups à répétition ; elle saignait aussi à la tête et des brûlures avaient fait partir sa peau à certains endroits. Elle était dans un état pitoyable qui aurait repoussé n’importe qui voulant lui porter aide. Mais l’aide, elle n’en voulait pas. La jeune fille était dans un état confus, mélange de rage intense et de honte profonde.

A la fin de sa phrase, Effy fut secouée d’un tremblement et une quinte de toux la prit, lui faisant cracher du sang. Oui, la méchante sorcière venait d’être battue à plat de couture par l’armée du gentil prince. Halleluja princesse, vous êtes vengée.

Cassandra distinguait à présent les contours du corps de sa jumelle, avachit, paraissant bien amochée. Cela la fit frémir, pas qu’elle est la terreur de subir les mêmes atrocités, non… La compassion qu’elle ressentait pour les autres étaient sans bornes, et elle n’avait pas conscience que cela soit tout à fait inutile dans un endroit comme celui-ci… Elle aurait voulu tendre la main vers sa sœur qui semblait, contrairement à l’habitude, fragile, mais quelque chose la retint. Elle arrêta son geste se sentit stupide. Une douleur lancinante lui traversa le cou, et elle s’étira un peu, gémissant légèrement Elle retint son cri, cependant. Effy était plus à plaindre qu’elle après tout…

Elle aurait aisément put utiliser sa vision animale, mais n’aimait guère cela, son caractère était, à l’opposé de ceux de pas mal de détenu, trop humain… Trop d’ailleurs pour survivre… Haletant de peine dans l’effort, elle se redressa, cherchant à sa libérer de ses chaînes. Fermant les yeux, dans une position de plus inconfortable, elle se concentra. Dans l’ombre, ses mains et avant-bras s’étirèrent visiblement, s’allongeant, devenant de plus en plus long. Doté désormais de spaghettis à la place des mains, elle les dégagea avec facilité des menottes. Celle-ci retombèrent contre le mur dans un cliquettement de chaînes. Cassie arrêta son geste, silencieuse, prête à l’arrivée d’un nouveau geôlier. Mais non, rien, et ses bras reprirent leur forme normale. Elle se frotta les poignets, ils étaient douloureux. Elle s’ébroua un peu, ses cheveux reprenant une coiffure décante et les traits de son visage s’affinant. Sa sœur parla un peu, et elle sentit son épuisement et sa rage au son de sa voix. On aurait dit une bête frappé à mort, et l’odorat de la jeune fille lui fit sentir facilement l’odeur du sang. Elle ne répondit rien, avalant silencieusement sa salive, comme tout le dégoût que la situation lui inspirait.

Sa gorge se noua, elle savait que sa sœur ne tolérerait pas son aide, et cela la mettait mal à l’aise. Que faire? Attendre l’arrivée des surveillants, attendre la prison? Elle n’en eut pas besoin. Une lumière tamisée s’alluma sans préavis et Cassie sursauta, hébétée et clignant des yeux dans la clarté jaunâtre d’un probable vielle lampe à huile. C’était un scientifique vêtu d’une longue blouse blanche loin d’être immaculée, mais plutôt tachée du sang de pas mal de détenu. Il était grand, bien bâti, pas non plus un costaud. Cassandra se tassa contre son mur, consciente de l’image pitoyable qu’elle devait affiché. Mais l’homme ne se dirigea pas vers elle, mais une nouvelle fois vers sa sœur. La pouls de la jeune brune s’accéléra, et, à l’opposé de son attitude de frayeur précédente, une dose massive d’adrénaline se répandit dans son corps. Alors elle agit, sans trop réfléchir. En quelques instant elle s’était mise en travers de la route de l’homme, qui s’arrêta. Déterminée, accroupi face à cet être mauvais, elle sentait que son puéril geste chevaleresque, digne d’une princesse après tout, serait mal reçu par l’homme comme par sa sœur.

« Ne vous acharnez pas sur elle, murmura-t-elle calmement. Punissez-moi aussi! »

Elle ne le lâchait pas des yeux, et, pouvoir de métamorphose peut-être, ses cheveux et le teint de sa peau d’assombrirent, prenant une note menaçante.

Sa jumelle ne prit pas la peine de répondre à sa remarque acerbe. Certes, ce n’était pas le moment et Cassandra semblait avoir mis de côté leur rivalité de sœurs pour se concentrer sur le plus important : leur détention provisoire mais on ne peut plus dangereuse dans un des nombreux laboratoire de ce maudit centre. Agilement, sa sœur venait de se défaire des liens qui resserraient ses poignets, se les massant douloureusement en se retenant de geindre. Pauvre petite princesse, les moments passés dans cet endroit devait être rare pour elle, la jeune femme passant le plus de son temps dehors en goguette ou posée bien gentiment dans un des canapés plus ou moins douillet du grand salon. D’ailleurs quelle mouche l’avait piquée pour qu’elle décide de se promener dans les couloirs après le couvre feu ? L’appel de la nature ? Elle aussi était une panthère et Effy savait pertinemment le besoin qu’avait le félin à vouloir courir de nuit. Elles étaient des bêtes de la nuit, pas du jour comme les humains…

La brunette allait de nouveau lancer une remarque désagréable et sarcastique à sa jumelle quand la lumière éclatante emplie la pièce en un clic d’interrupteur. La pièce, d’un blanc immaculé et pleine d’objets métalliques envoyait ses rayons aveuglant à tout va, brûlant les yeux bleus électrique de la pauvre humaine, dont la panthère intérieure ne pouvait plus grand chose pour elle. Un scientifique entra, celui qui venait de la torturer en compagnie d’un ou deux autres d’ailleurs qui menaçaient de rentrer, debout à l’embrasure de la petite porte coulissante. Sa blouse de scientifique ressemblait plus à celle d’un boucher tant elle était couverte de sang. Du sang d’animaux comme du sang d’humain… son propre sang. La mâchoire de la jeune fille se contracta. Cette fois, elle avait vraiment prit chère et elle savait qu’elle continuerait à recevoir la punition. On lui avait dit qu’elle avait de la chance, ce soir, ils n’étaient pas de mauvaise humeur et ne la tueraient pas. Ils lui passeraient juste l’envie de réduire en charpie un des leurs… Mais à ce rythme là, ne fallait il pas mieux mourir ?

Il se rapprochait, un sourire au lèvre vers la jeune fille. La panthère noire, en son fort intérieur, grondait dangereusement, comme un animal voyant la main qui le battait approcher. Elle voulait le tuer lui aussi, les tuer tous, défendre cette humaine faible qui partageait son être. Le félin voulait du sang, une tuerie. La mort de l’autre porc avait réveillé en elle le goût de la chasse, de la chaire tendre, le bruit des os qui craquent, et elle était enfermée à travers l’enveloppe charnelle d’une humaine, au tempérament de feu, elle aussi et au désir de vengeance grandissant mais qui n’aurait jamais assez de force pour une nouvelle mutation.

Soudain, ce qu’elle pensait ne jamais arrivé arriva. Cassie venait de plonger entre elle te le scientifique qui eut un bref mouvement de recul avant que son sourire ne s’élargisse un peu plus. Qu’est ce qu’elle faisait cette idiote ? Effy la regardait avec de grands yeux où tout un panel de sentiments défilaient : haine, dégoût et inquiétude. Oui, inquiétude. Pourquoi avait elle fait ça ? Elle mettait sa vie en danger alors qu’un châtiment léger l’aurait attendut. Avec cet acte, héroïque certes, mais totalement inutile, elle venait de s’attirer les foudres des scientifiques, et leur donnait une raison valable pour la torturer elle aussi jusqu’à épuisement. La petite princesse ne supporterait pas une telle épreuve.

« Et bien… on se rebelle ? La pitié ne marche jamais ici et ce défaut te tuera jeune fille. »

La peau de sa sœur commençait à virer au noir, comme pour une mutation. Voulait elle vraiment se transformer ou était ce la panthère qui prenait enfin un peu plus les commandes maintenant ? Effy tendit une main tremblante vers sa sœur sans pourtant l’atteindre.

Le scientifique se pencha vers sa sœur et lui assena un violent coup de pied dans le ventre qui aurait fait plier n’importe quel humain. Effy assistait passivement à la scène, semblant déconnectée et dépassée par les évènements… ou la fatigue prenant une trop grande place en elle pour la faire bouger. Mais un regard sur sa sœur couchée à terre fit hurler la panthère en même temps que l’humaine. Malgré toute l’animosité qu’elle avait pour elle, Cassandra restait sa sœur, sa jumelle. Elles partageaient le même sang, avaient pensé pareil à une époque, c’était même inventé un propre langage comme tout vrai jumeaux.

« Cassie... sauve toi. »

Le scientifique de nouveau s’approchait dangereusement de sa jumelle. C’est alors que les bras et les jambes s’allongèrent en pattes puissantes pourvues d’une fourrure épaisse et douce, déchirée en lambeaux de chaire à certains endroits. Le visage fin et sculptural de la jeune femme prit un air bestial, s’allongeant et se rétractant jusqu’à devenir celui d’une panthère, puissant félin aux crocs immenses et luisants. La transformation prit fin au plaisir de la panthère et de son hôte. Jamais les deux n’avaient autant souffert pour muter, la douleur lancinante les clouant presque au sol. Ce qui les animaient toutes deux ? La haine. Une haine puissante qui se lisait dans les yeux du fauve, un regard fou et meurtrier, beaucoup plus explicite que celui qu’elle avait lancé au gardien qu’elle avait abattu tout à l’heure. Les voix de son père et de sa mère cognaient dans sa tête. Elle devait protéger la sœur qui n’avait pas hésiter à braver le danger pour elle.

Poussant un grondement sourd et puissant qui fit trembler les deux scientifiques du fond, la panthère se rapprocha sournoisement du scientifique à la blouse tachée, tous crocs dehors, prête à l’égorger s’il le fallait.

« Fais attention mon chaton, tu joues avec le feu… »

Il ricana. Elle ne le supportait plus, il la rendait folle. La panthère noire bondit, essayant d’atteindre au cou l’homme qui restait d’un calme olympien. Elle y était presque mais une douleur affreuse la prit au ventre, la faisant retomber à terre et la privant ainsi des dernières forces restantes. Affalée sur le carrelage froid, la panthère Effy haletait tant elle avait du mal à retrouver son souffle. Un regard à son ventre lui permit d’observer la longue traînée de sang qui s’en échappée. Plaie faite par le long couteau que tenait le scientifique hagard…